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Paysage sans transition

Vendredi 20 Juin 2014
 Catalogue d’exposition « Paysage sans transition ».
Les regards bien distincts des photographes Bertrand Bodin et Pierre Vallet ont été volontairement mêlés pour l’exposition Paysages sans transition. Ces images aiguisent notre imaginaire, bousculent notre perception et nous confrontent à des paradoxes : est-ce bien le territoire où nous vivons, cette nature sauvage est-elle la nôtre ? Voyons-nous réellement ce que nous traversons ainsi dans notre quotidien pendulaire ? Ces paysages fabuleux existent-ils vraiment ?
La pensée critique de Michael Jakob, spécialiste de l’architecture du paysage, historien et philosophe, apporte un troisième regard sur les représentations du paysage de montagne à travers l’Histoire et notre culture, il analyse ces images et décrypte pour nous ces « Constructions du sublime ».
Le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement de Haute-Savoie et Asters, Conservatoire des espaces naturels de Haute-Savoie, ont construit ensemble l’exposition Paysages sans transition. Choisissant chacun un photographe, ils mettent en commun des points de vue qui reflètent leurs missions respectives : maintenir la qualité de notre cadre de vie et protéger les espaces naturels en territoire de montagne.
Un texte a été commandé à Michael Jakob qui apporte un éclairage à cette confrontation de la mobilité humaine et de la nature, représentées dans ces images.

Prenons la série proposée par Asters, à savoir les « cartes postales » de Bertrand Bodin :

Il s’agit, à première vue, d’un travail de « naturaliste » et d’amoureux des paysages alpins. D’une suite à l’enseigne de la beauté sublime des grandes perspectives panoramiques. Ces « vues » sont cependant, à bien y regarder, des impressions « naturelles ».
Il y a, d’abord, l’artifice du panorama, qui , rappelons-le , est et à la fois n’est pas le paysage. Le paysage est le bout de nature qui se construit à partir d’un point de vue donné et qui peut être dominé entièrement à partir de cette perspective.
Or, le panorama dépasse, brise, rompt la logique paysagère, obligeant le spectateur à se déplacer dans l’image. Le panorama dynamise la perception et exige un déplacement, en analogie avec ce que le promeneur fait in situ en déplaçant le regard. En tant qu’image, le panorama est donc un faux, une hyperbole visuelle. C’est aussi ce qui lui confère une force considérable, établissant de ce fait un rapport autre entre la photographie (statique) et le spectateur (également immobile), un rapport somatique, mobile et phénoménologique. Les perspectives trop vastes de la série de Bertrand Bodin impliquent, en d’autres termes, une relation avec le corps, vu que la tentative de nous orienter aboutit ici à un effet de vertige, d’éblouissement devant la grandeur. L’autre aspect significatif des images de Bertrand Bodin consiste dans la manipulation constructive du point de vue. Qui ne connaît pas le Mont Blanc, décliné de mille façons dans les gravures, les tableaux et les photographies le célébrant ? Chez Bodin, c’est toutefois un Mont Blanc différent qui apparaît, surprenant et très loin du « déjà vu » iconique habituel. Car ici le lointain, la Gestalt bien connue de la montagne, sa forme individuelle, sont constamment présentés sur la base d’une confrontation avec le premier plan de la photographie.
C’est ce qui transforme la carte postale, basée normalement sur le contrôle des plans successifs, en son contraire, en une image nouvelle marquée par la rupture d’échelle. Cette dislocation informe la réception de la photographie désormais non pas reconnue, mais encore à connaître."
© Michael Jakob
Couverture Catalogue Paysage sans transition
Couverture Catalogue Paysage sans transition
Verso Catalogue Paysage sans transition
Verso Catalogue Paysage sans transition

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